Banco Palma : micro-finance dans un quartier populaire de Fortaleza Brésil

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La banque Palmas est une institution de micro-finance solidaire, créée en 1998 par les habitants de la favela « Conjunto Palmeiras », elle est le fruit de 30 ans de luttes contre la pauvreté. Face à la question « pourquoi sommes nous pauvres ? », la réponse se dessine « nous ne sommes pas pauvres parce que nous n’avons pas d’argent, mais parce que nous ne dépensons pas cet argent ici. Nous le dépensons en biens et services dans des lieux extérieurs au quartier, notamment chez des multinationales, il faut donc garantir que la base monétaire disponible sur le quartier y reste. ». L’objectif est de construire simultanément l’offre et la demande dans le quartier et de relocaliser durablement les échanges, pour cela la banque Palmas s’appuie sur une organisation originale qui allie micro-crédit et monnaie locale.

La Banque Palmas fonctionne à partir d’un fonds monétaire en réals (monnaie en vigueur au Brésil) qui est transformé en un fonds équivalent en Palmas (monnaie du quartier), pour chaque palmas émis, un réal est gardé à la banque.

La banque Palmas accorde alors, sur ce fonds :

-  Des crédits à la production, délivrés en réals (jusqu’à 10 000 réal, environ 3850€). Les taux d’intérêt sont de 1 à 3%. La banque privilégie le soutien à la création et le développement d’activités qui répondent aux besoins du quartier. Ces besoins sont identifiés grâce à une cartographie de la consommation et de la production locale, établie au travers d’enquêtes.
- Des crédits à la consommation, délivrés en Palmas. Ces crédits sont sans intérêts, ils sont remboursables en Palmas ou en réals.

Ces palmas circulent alors entre consommateurs et commerçants, qui peuvent à leur tour les utiliser pour d’autres dans le quartier. En 2009, 240 commerçants acceptent le Palmas, et accordent une remise directe au client pour des achats en Palmas, environ 30 000 Palmas circulent dans le quartier.

Le palmas est échangeable à la banque contre des réals pour les commerçants et producteurs qui doivent se fournir en matières premières ou accéder à des technologies non disponibles dans le quartier. Les consommateurs peuvent échanger à la banque des réals contre des Palmas mais ne peuvent pas échanger leurs Palmas en réals, ce qui garantit la relocalisation des échanges.

On parle de démocratie économique, la banque est une propriété des habitants. Un forum socio économique locale permet le contrôle social dans la communauté et de discuter des produits à mettre en avant. Les prêts pour la consommation et la production sont accordés après un entretien avec un agent de crédit qui écoute et analyse le projet, puis donne l’accord avec l’aval du voisinage. Le taux de non recouvrement des crédits à la production est d’environ 2,5% et le taux de non recouvrement des crédits à la consommation est de 1 à 1,5%.

La banque a noué depuis 2005 un partenariat avec la Banque du Brésil. Elle est ainsi devenue « correspondant bancaire » de Banque du Brésil, ceci permet aux habitants de bénéficier directement des services bancaires (ouverture de compte, payement des factures, réception salaire, pension…). La banque Palmas est rétribuée par la banque du Brésil pour ce service rendu.

En 2007, en partenariat avec le Secrétariat National à l’Economie Solidaire, la banque a créé, l’institut Palmas, avec une mission d’essaimage du modèle. Aujourd’hui 51 banques communautaires autonomes de ce type, existent au Brésil, avec leurs propres monnaies sociales.

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